Notre Histoire par François RICHET

Le Tiki est le lointain successeur des cabines de bains, apparues sur les plages au début de la mode des bains de mer, au milieu du XIXe siècle. En ce temps-là, on ne se baignait pas pour le plaisir, mais pour améliorer sa santé, avec des règles rigoureuses établies par des médecins. Les femmes étaient souvent encadrées par deux maîtres nageurs qui les tenaient fermement pour faire face aux dangers de l’océan. Les mœurs de l’époque ne permettaient pas que l’on puisse apercevoir la peau nue des baigneurs et baigneuses qui devaient porter des tenues de bain complètes, y compris chaussons et bonnets ! On allait même jusqu’à réserver certaines plages aux femmes. Les cabines de bains étaient donc indispensables pour se changer dès la sortie du bain, et enfiler les encombrants costumes de l’époque.

À Royan, cinq établissements étaient installés sur la Grande Conche, construits en bois et montés sur pilotis. Leurs gérants ont rapidement proposé, en plus de la location de cabines, des bains de mer chauds aux algues, marquant ainsi les débuts de la balnéothérapie. Pour le plaisir des baigneurs des buvettes se sont ajoutées, ainsi que la location de tentes, parasols, sièges et divers petits commerces, l’ensemble étant baptisé « établissement de bain ».

Progressivement, les bains de mer sont devenus un plaisir et les établissements de bains se sont développés. Entre les deux guerres, trois établissements se sont construits en « dur »?, dont le Mirado, tenu par la famille Boudoul, sur la plage au niveau de l’actuel Tiki.

En janvier et avril 1945, les bombardements ont anéanti le centre de Royan, dont les établissements de bains. Très vite, le Mirado renaîtra de ses cendres. Tout d’abord hébergé dans un baraquement temporaire en planche, il sera reconstruit en 1950 dans le style brésilien, comme la majorité de l’architecture de ce nouveau Royan.

Toujours tenu par la famille Boudoul, le Mirado louait des cabines de bain, tentes et sièges, ainsi que des canoës et pédalos et proposait des bains d’algues. De petites boutiques et un bar complétaient l’ensemble.

En 1969, le Mirado est racheté par Roger Genty (gérant des deux casinos et de la piscine de Foncillon) et ses associés. Il est alors complètement transformé et agrandi par l’architecte Yves Robert, secondé par l’artiste bien connu Nadu Marsaudon pour la décoration, incluant les fameux tikis qui donnèrent son nouveau nom au Mirado, devenu le Tiki. Nadu Marsaudon est également l’auteur du logo du Tiki et de la communication visuelle mettant en scène une sirène évoluant dans une luxuriante végétation exotique.

Lors de cette transformation les cabines de bain disparaissent, mais pas la balnéothérapie, alors que la majorité du bâtiment est constituée d’une salle de café-restaurant avec une discothèque en sous-sol. Un drugstore, alors à la mode, sera pendant un temps aménagé dans la partie centrale de l’établissement. Au fil du temps, cette partie sera ensuite occupée par des cabarets et diverses formules de restauration.

En 1974, le Tiki est vendu et sera géré pendant de très longues années par Alban Labit. Depuis lors, l’établissement à la personnalité marquée connaît un magnifique succès en faisant de la satisfaction du client sa priorité.

En février 1989, un incendie détruit la plus grande partie du bâtiment (mais pas la balnéothérapie), qui sera reconstruit de façon à offrir une plus grande surface commerciale en éliminant les nombreux totems et les box en dur qui constituaient la décoration intérieure. Au passage, la discothèque est supprimée et la restauration divisée en deux parties : cafeteria (qui n’existe plus) et brasserie, la partie centrale restant à part, accueillant des restaurants sous différentes enseignes.

En 2016, le Tiki est repris par Jean-Christophe et Sandrine Garnier.

François RICHET